Procès Google en cours aux USA

WRInaute impliqué
Le procès antitrust en cours aux USA contre Google en matière de publicité ne retient pas beaucoup l’attention des media et du monde SEO en Europe francophone. Pourtant ce procès va bel et bien déterminer l’orientation à venir du monde de la recherche internet, le SEO et le SEA. Le sort de Google est cette fois réellement mis en cause. A part l’article d’hier du journal financier Les Echos, il faut donc se tourner vers les sites anglophones, par ex. :

https://techxplore.com/news/2023-10-google-antitrust-trial.html

https://searchengineland.com/google-search-antirust-trial-hearing-updates-431977

Le procès a commencé il y a plusieurs semaines et durera encore plusieurs semaines. Actuellement, la parole est plutôt à la défense (Google).

Jusqu’à présent, beaucoup du litige tourne autour du paiement annuel fait par Google à Apple pour être le moteur par défaut des produits de ce dernier. Outre ce paiement (actuellement bien plus de $10 milliards l’an), les deux acteurs s’en partagent le bénéfice publicitaire de sorte que c’est quelque $ 20 milliards que perçoit Apple. Être moteur par défaut a joué un rôle beaucoup plus important en faveur de Google que l’on ne l’imaginait dans le monde SEO.

Pour la petite histoire, on apprend que le patron actuel de Google (il n’était pas le patron à l’origine du contrat) y était jadis plutôt opposé pour des raisons disons d’éthique. (Edit: et, de son côté, Apple avait au départ pensé à Duckduckgo, mais, c'est resté lettre morte dès qu'ils ont commencé à parler argent avec Google).

Parmi d’autres interventions très nombreuses, je note en vrac :

- en matière de publicités online, Google est pratiquement le passage obligé pour toute entreprise.

- Google admits it quietly increases ad prices without telling advertisers (Sept. 18)

- Former 17-year employee of Google, Eric Lehman, who worked as a software engineer on search quality and ranking told the trial that “pretty much everyone knows we’re using clicks in rankings. (?)

- et pas mal d'infos utiles ou non

Beaucoup de pièces produites au tribunal, surtout dans le chef de l’accusation (le département de la Justice) sont gardées confidentielles (c’est bien dommage pour nous), bien plus que dans d’autres procès antitrust à tel point que des media, dont le NY Times et le NY Post, ont introduit une sorte de réclamation à ce sujet, sur laquelle le juge n’a pas encore statué. Difficile de comprendre un procès si trop de pièces sont gardées secrètes.

Pour plus, faites une recherche Google trial en Actualités sur Google search et de Bing search (elles ne sont pas nécessairement les mêmes).

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Tout cela simplement pour info, je ne suis pas disponible pour discussion. On verra le résultat du procès le moment venu.
 
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WRInaute impliqué
Brièvement

@rick:

- oui, c'est possible si l'accusation gagne le procès

- mais le marché global de la publicité online existe et ne fera que grandir.

- et, peu importe les changements qui seraient ordonnés, Apple garde le droit de se faire rémunérer pour la pub qui passe sur ses produits, et ce de la façon qui lui convient. Samsung est cité dans le procès de la même façon qu'Apple, ni l'un ni l'autre n'étant accusés.
 
WRInaute passionné
- et, peu importe les changements qui seraient ordonnés, Apple garde le droit de se faire rémunérer pour la pub qui passe sur ses produits
Ce qui voudrait dire que tout site web doive reverser une partie de ses revenus publicitaires à Apple.
Je ne crois pas que cela soit le cas :p
Il faut distringuer l'app Google Search & les sites web et moteurs de recherche affichés par les navigateurs (qui ne sont rien d'autre que des sites web).
 
WRInaute passionné
Et Apple ne mettra jamais autre chose par défaut que Google, parce que les autres sont trop nuls (il n'a pas voulu acheter Bing parce que trop mauvais).
Au mieux l'utilisateur devra choisir lui-même, et il choisira de toute façon Google.
 
WRInaute impliqué
Et Apple ne mettra jamais autre chose par défaut que Google, parce que les autres sont trop nuls (il n'a pas voulu acheter Bing parce que trop mauvais).
Au mieux l'utilisateur devra choisir lui-même, et il choisira de toute façon Google.
Le coeur du problème est là. Google n'a pour le moment aucun concurrent.
 
WRInaute impliqué
Etat de lieux à ce jour:
Les auditions sont terminées. Les parties remettront dans les semaines à venir leurs conclusions finales. Le juge (il n'y a pas de jury) dit lui-même qu'à ce stade il ne sait pas ce qu'il va décider. En cas de succès de l'accusation, un deuxième procès aura lieu puisque dans le cas présent, ce qui est réclamé n'est pas une amende, mais un changement de pratiques (qui resterait à définir).

Ce qui s'est passé ces dernières semaines:
La parole était surtout à la défense (Google). Le lien Searchengineland cité en début de discussion vous donne les dernières informations puisque l'article a été tenu à jour périodiquement (avec référence à la date de l'information).

J'ajoute deux liens récents qui font aussi la synthèse du procès:
https://www.vox.com/technology/2023/11/16/23962967/google-search-antitrust-trial-what-we-learned
https://english.elpais.com/economy-...-other-revelations-from-the-google-trial.html

La confidentialité, jugée excessive, de ce procès continue d'être critiquée:
https://www.project-syndicate.org/c...ss-to-information-by-karina-montoya-1-2023-12

L'importance de ce Google apprend du comportement de l'internaute pour le fonctionnement du moteur de recherche.
Parmi les pièces produites au procès et finalement rendues publiques, Searchengineland a épinglé quelques unes en matière de SEO qui mettent en évidence "the important role of end user data – how people interact with search" dans les trois piliers du ranking. Voyez ici:

https://searchengineland.com/google-search-ranking-documents-434141

"Today, our (google) ability to understand documents directly is minimal. So we watch how people react to documents and memorize their responses.. ...Each searcher benefits from the responses of past users … and contributes responses that benefit future users ..The association between observed user behavior and search result quality is tenuous. We need lots of traffic to draw conclusions, and individual examples are difficult to interpret.

Cela paraît évident, mais est, souvent, me semble-t-il, sous-estimé. Plus que l'algorithme lui-même (= en tant que piliers du ranking, "what the document says about itself and what the Web says about the document), ce qui compte, ce sont la réponse/interaction de l'utilisateur et la loi des grands nombres (nécessaire pour interpréter correctement cette interaction) qui comptent.

Mis à part les raisons pour lesquelles Google est devenu le moteur de recherches numéro un (raisons sur lesquelles chacun peut avoir un jugement personnel), l'immensité de l'audience que lui procure cette position actuellement est un avantage décisif par rapport à tout autre moteur existant ou à créer.
 
WRInaute impliqué
Nouvel état des lieux:
- dans le procès précité entamé en septembre 2023 (à Washington, Département de la Justice + certains Etats US contre Alphabet), le juge (pas de jury) attend les conclusions finales des parties en mai 2024, le jugement suivra plus tard, soit un statu quo soit une réforme de structure dont le contenu restera à déterminer. Comme déjà indiqué, le procès tourne essentiellement autour de la coopération Google-Apple: résultat normal du succès des deux groupes ou bien entrave à une concurrence de Google par Apple. Cela me semble un peu du pile ou face.

- un autre procès antitrust contre Google s'ouvrira en septembre 2024 aux USA en Virginie devant un jury (département de la Justice + certains Etats US contre Alphabet), visant cette fois son monopole en matière de publicité en ligne. Les phases préparatoires sont en cours. Le procès est prévu pour une durée de 6 semaines.Le magistrat a promis une plus grande transparence des débats et documents que dans le procès de Washington.

NB dans ce dernier, il avait déjà été indiqué que Google avait augmenté artificiellement le prix de ses publicités.

Au Texas, un procès similaire est intenté par d'autres Etats contre Google sur le même sujet, pour mars 2025 (!).

- Le même problème d'abus de position dominante en matière de publicité vient de faire l'objet d'une plainte devant un tribunal d'Amsterdam par le groupe Axel Springer et 32 médias de 17 pays européens, lesquels réclament 2,1 milliards de dommages. Le dossier était à l'étude à la Commission européenne, mais les plaignants vont donc de l'avant sur le plan judiciaire.

- Dans un tout autre domaine (monopole de Google Play Store), Google a perdu en décembre dernier aux USA le procès intenté depuis 2020 (!) devant jury par Epic Games (Fortnite). A part les $700 millions à payer, les changements réclamés sont actuellement dans l'impasse.

- Pour rappel, en ce qui concerne les abus de position dominante en matière de shopping (plainte de 2017) d'une part et d'Android (plainte de 2018) d'autre part, les "condamnations" de la Commission européenne (et les amendes, au total €6, 5 milliards) ont été confirmées par le Tribunal de la Cour de Justice, mais Google est en appel en tout dernier ressort devant la Cour de Justice européenne elle-même. Pour la condamnation d'abus de la régie adsense, €1,49 milliard d'amende, c'est la situation inverse, la Commission a perdu devant le Tribunal et est en recours final devant la Cour.


Pff..., ce pourrait être marrant de faire de ces litiges un film à la hitchcock ou une bande dessinée.
ou bien sur un ton plus "philosophique" du genre "visiblement, certaines grandes entreprise de ce monde ont plus besoin d'avocats que d'experts scientifiques, informatiques, commerciaux ou autres."
 
WRInaute impliqué
Dans le procès en cours à Washington, environ 6 mois après la fin des auditions, les plaidoiries finales ont lieu et se poursuivront vendredi. Le verdict n'est pas attendu avant la fin de l'été ou en automne.

Le vent semble favorable à Google (à en croire le compte-rendu de la presse francophone, car la presse anglophone semble un peu plus nuancée).

"le juge a exprimé des doutes sur le fait que le gouvernement ait démontré que ces accords ne respectaient pas le droit de la concurrence américain" .

"Il faut démontrer l'existence d'effets anticoncurrentiels réels. (...) Si vous n'y parvenez pas, vous perdez", a-t-il encore assené aux avocats du gouvernement".

Certes, le juge a émis aussi certains doutes sur les arguments de Google. Mais, c'est à l'accusation (pas à Google) d'apporter la preuve de son argumentation. Qui vivra, verra.

https://information.tv5monde.com/ec...-unis-contre-google-et-son-puissant-moteur-de

https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/020524/plaidoiries-finales-dans-le-proces-des-etats-unis-contre-google-et-son-puissant-moteur-de-recherc#:~:text=Le procès fleuve a ainsi,a été versée à Apple

https://apnews.com/article/google-a...ne-dominance-e7fa82026c31efe9c0a4fe95be014a74

EDIT (petite réflexion personnelle): La justice est lente et souvent en retard d'une guerre. Des considérations comme celles révélées récemment par Edward Zitron au sujet d'une possible détérioration de la qualité des résultats de Google depuis quelques années déjà sont totalement ignorées :(
 
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WRInaute impliqué
EDIT (petite réflexion personnelle): La justice est lente et souvent en retard d'une guerre. Des considérations comme celles révélées récemment par Edward Zitron au sujet d'une possible détérioration de la qualité des résultats de Google depuis quelques années déjà sont totalement ignorées :(
Pourtant il en a été question.
https://arstechnica.com/tech-policy...l-should-have-been-done-to-avoid-legal-peril/

Ce qui est marrant dans ce procès (à part le fait qu'il soit jugé par Mehta — c'est fait exprès, non ?), c'est qu'ils ont l'air de se demander si oui ou non, le fric de Google et l'utilisation qu'ils en font est vraiment une entrave à la concurrence.

Je me souviens d'un documentaire passé à la télé où on suivait un jeune employé français de Google, trop heureux d'avoir rejoint la boite de ses rêves. Il expliquait qu'un truc qu'il trouvait incroyable avec Google, c'est que quand ils rentraient dans un marché, ils proposaient un produit gratuit financé par leurs pubs, que comme ça ils tuaient toute la concurrence. Trop fort !

Ça m'avait marqué parce que j'avais quelques échanges avec des personnes coté techniques qui justifiaient travailler pour Google pour les défis technologiques (jamais pour le salaire, évidemment), mais qui n'approuvaient jamais la stratégie commerciale. Alors que pour le commercial du docu, c'était vraiment super !

Je m'étais dit aussi que ce genre de déclarations honnêtes devaient sans doute être désapprouvées par la direction :-D
 
WRInaute impliqué
Pourtant il en a été question.
Non, pas vraiment. Ce que dit cet article (in fine), c'est que le juge demande à l'accusation, c'est de prouver "how Google has either stopped innovating or degraded its search engine as a result of lack of competition". Cela , ce n'est rien d'autre que l'abc d'un procès pour abus de monopole (= soit un frein à l'innovation soit .un effet négatif plus direct pour les utilisateurs).

Ce à quoi ma réflexion se rapportait était que, d'après TV5 monde (même information dans beaucoup d'autres sources), le juge semble considérer que la position dominante de Google n'a pas nui aux consommateurs, disant explicitement qu'il semble "difficile d'affirmer que Google n'a pas suffisamment innové".

Je faisais remarquer que cette prise de position ignore les interrogations sur la qualité des résultats de google ces dernières années et qui ont trouvé e.a. un appui dans les révélations récentes de Edward Zitron (nb lequel n'aurait pas pu les faire sans des complicités au sein même de google), selon lesquelles Google aurait voulu délibérément ou simplement accepté une baisse de qualité au profit d'une meilleure rentabilité globale. On en discute ailleurs dans les forums WRI.
 
WRInaute occasionnel
C'est un peu ce que j'évoquais sur le post de Poupilou.
La justice n'a que faire de la "qualité" des SERP. Après tout, c'est à l'utilisateur de fuir un mauvais service si c'est ainsi qu'il le perçoit.
Ce que va plutôt regarder la justice c'est s'il y a d'autres offres ou bien si GG les empêche.

Et objectivement, il y a d'autres offres pour les consommateurs, libre à eux de les adopter ou non. Et on ne peut pas non plus reprocher à Google de ne pas innover, ils le font, et ils peuvent échouer.

La question à se poser, c'est pourquoi plus de 90% des internautes utilisent Google si les résultats sont si mauvais ? et tout en sachant qu'ils peuvent effectuer leurs recherches ailleurs ?
C'est là que la justice devra démontrer si Google impose son moteur de recherche d'une manière ou d'une autre, ce qui serait une entrave concurrentielle.
C'est clairement le cas sur Android, beaucoup moins sur PC ou Apple a priori.
 
WRInaute impliqué
La justice n'a que faire de la "qualité" des SERP. Après tout, c'est à l'utilisateur de fuir un mauvais service si c'est ainsi qu'il le perçoit.
C'est un peu un entre-deux, si on en croit l'article de Ars :
"According to the DOJ and state attorneys general suing, Google has diminished search quality everywhere online, primarily by locking rivals out of default positions on devices and in browsers."

Il y a bien une notion de diminution de la qualité - que Google peut se permettre parce que les concurrents ne peuvent pas percer.
Être le moteur de recherche par défaut mérite bien 20 milliards de dollars si on regarde ce que paye Google à Apple - bien qu'ils prétendent que c'est très simple à changer et donc pas si important.
Personnellement j'ai mis en place un truc sur mon site récemment, et c'est désactivable. Sur le formulaire principal, j'avais oublié de précocher par défaut, et j'avais 31% de personnes qui cochaient. Maintenant c'est précoché, et j'ai 71% des personnes qui laissent coché.
Et ça c'est sur un formulaire ou l'option est mise sous les yeux de l'utilisateur, alors quand il faut aller dans les paramètres de l'OS, trouver l'appli, et changer le moteur de recherche (avec d'autres choix qu'on ne connait pas forcément). Je croyais que c'est par Steve Jobs que j'avais acquise la notion de "power of defaults" (la puissance des préréglages), mais je ne retrouve plus de citation... alors peut-être pas.
 
WRInaute occasionnel
A mon sens, il faut lire toute la phrase : "primarily by locking rivals out of default positions on devices and in browsers". C'est bien ça que la justice regarde, est-ce que les concurrents sont lésés. Ce n'est pas tant la qualité des résultats en elle-même. Mais plutôt, est-ce que cette non-qualité nuit aux concurrents (et c'est bien ce qui est reproché ici)
Après une qualité de service peut être mauvaise, et même GG peut faire une erreur sur une MAJ. Tant que ça nuit de façon égale à tout le monde, même Google ce n'est pas un problème pour la justice (Dans ce cas de figure, ce serait juste le service qui est de mauvaise qualité et ça ne concerne donc que la relation GG et ses clients, mais encore une fois, on parle d'un service gratuit)
Mais si la non-qualité, comme par hasard évince des concurrents et met en avant des services Google, alors là, oui c'est un problème pour la justice.
Dans une approche absolue, Google ne devrait pas être juge et partie, et ses services ne devraient donc jamais être proposés comme résultat sur une requête en lien sur le moteur de recherche Google. Mais il faudrait alors que tous les autres fassent la même chose à leur niveau, Bing avec les services Microsoft, probablement Apple avec son partenariat GG, etc.
Si Google veut que ses services apparaissent dans les SERP, alors là justice devrait exiger la transparence sur les critères de classement des SERP. C'est surprenant que ce point là ne soit pas défendu.
 
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